Cher élève, apprenti ou chair à canon en devenir,
Nous sommes heureux de vous annoncer, par le biais de cette missive, que vous avez été admis à l'École des Héros d'Arbar suite à votre observation par un de nos évaluateurs. Si vous croyez que cette lettre n'est pas pour vous et que vous préférez la vie monotone du travail des champs plutôt que la vie hasardeuse et pleine de surprises que vous vivrez une fois que vous aurez gradué, rien ne vous empêche de déchirer cette lettre dès maintenant. Par contre, si vous n'attendiez qu'une telle occasion, le moment de la saisir est probablement venu.
Une carte de la région d'Arbar est jointe à ce message, sur laquelle sont indiqués l'emplacement de l'école et l'itinéraire à suivre pour vous y rendre. Nous vous attendons avec impatience et vous rappelons d'apporter tous les biens qui vous sont chers (ou qui pourraient vous servir) puisque vous passerez les prochaines années parmi nous (à moins qu'un événement fâcheux se produise et que nous soyons obligés de vous renvoyer chez vous en pièces détachées, ce qui arrive couramment).
Au grand plaisir de vous voir combattre l'arme à la main aux côtés des autres élèves, ou encore de vous coller un zéro pendant que vous êtes poursuivis par un sanglier géant pendant votre premier examen. Tout dépend.
Elimia, Secrétaire du Directeur de l'École des Héros d'Arbar
Plusieurs grands de ce monde accomplirent mille prouesses il y a bien longtemps, sauvant maintes et maintes fois notre monde de la destruction et du chaos. Parmi ces héros se trouvaient quatre amis, quatre frères et soeurs, quatre compagnons, qui formaient le groupe le plus vaillant que l'histoire eût jamais connu. Orland le Brave, si puissant qu'il pouvait fracasser une montagne d'un coup de son marteau. Idony la Chasseresse, aux sens si affutés qu'elle pouvait sentir, entendre, voir et abattre un homme à des centaines de mètres. Malak le Sorcier, dont les connaissances inégalées des arcanes permettaient de maîtriser la magie comme nul autre. Edrick le Brigand, doté de la subtilité du chat et de la ruse du renard qui lui permettaient d'arriver à ses fins. Tous voyageaient, riaient, combattaient, festoyaient et dormaient ensemble.
Lorsque les quatre amis devinrent trop vieux, ils cessèrent leur vie d'aventurier et se tournèrent vers une retraite bien méritée. Pourtant, tout était loin d'être fini : à peine furent-ils rentrés dans leur village natal qu'ils comprirent alors que des milliers de gens espéraient devenir leurs disciples. Ne pouvant subvenir aux besoins de tout le monde, les quatre héros décidèrent de construire une école pour tous leurs disciples. Tout le monde accepta la proposition et, avec l'aide de tous les aspirants qui s'étaient présenté à eux, l'école ne prit que peu de temps à être construite.
Les héros en devenir purent profiter de l'enseignement prodigué par leurs mentors et devinrent de puissants héros en un rien de temps. Une vingtaine d'année plus tard, les héros s'éteignirent l'un après l'autre et leur tâche fut confiée aux élèves les plus expérimentés de chacun. La tradition prospéra donc grâce aux nouveaux professeurs et cette tradition est toujours présente aujourd'hui.
Pourtant, la dernière volonté des quatre héros fut de garder l'école secrète. Ainsi, les élèves ne se présentent plus d'eux-mêmes, mais sont plutôt choisis par des évaluateurs, qui sont de jeunes gradués de l'école. Pour chaque gradué qui quitte l'école, un élève doit prendre sa place et c'est ainsi que le départ d'un élève amène l'arrivée d'un autre.
Le reste de l'histoire de l'école reste plutôt sombre, toutefois. Une dispute pour le titre de directeur débuta entre les responsables de chaque classe et, finalement, l'école sombra dans l'oubli. Pourtant, une centaine d'années plus tard, l'école recommença a envoyer des lettres, à recruter des élèves et des professeurs.
Bien sûr, quelqu'un avait repris l'école en main, mais jamais cette personne ne fut vue au grand jour. Pendant les siècles qui suivirent la réouverture de l'école, personne ne vit le directeur de l'académie d'Arbar, mais celui-ci était bel et bien vivant et continuait de gérer l'école tout en restant dans l'ombre la plus totale. Le directeur instaura ensuite la classe de prêtre à l'école, en faisant bâtir une immense cathédrale sur les terres de l'institution.
Les années passèrent et la tradition de l'école se poursuit toujours. À force de ne jamais voir le directeur, élèves et enseignants finirent par vaquer à leurs occupations sans se préoccuper de l'identité du chef de la direction.
Dim 22 Avr - 17:36