[Événement] Le Titan

Apercevant aussi Sircophène qui tombait en même temps qu'elle, à quelques mètres plus loin, Narcissa dût faire un choix difficile : poursuivre Damascus ou sauver son collègue. Prenant une poussée sur le corps du Titan de sa main libre, elle se jeta en direction de l'homme-chat et agrippa sa main pour l'attirer vers elle.

-Accroche-toi, dit-elle de sa voix monotone alors qu'elle fit baisser sa tête vers le bas.

Lorsque son corps fut perpendiculaire à celui du colosse, elle se mit alors à courir sur sa peau rocheuse en tombant. Sircophène, accroché à elle aussi solidement qu'il le put, comprit alors qu'elle était en train de charger vers Damascus en tombant! Ensuite, le temps se figea d'un seul coup : les cendres cessèrent de voler, le Titan cessa de bouger, le vent restait sur place. Pourtant, Narcissa et Sircophène continuaient de foncer vers le chef daédrique, même si le temps était arrêté. Narcissa Valentine était réellement immunisée contre le pouvoir temporel de Damascus!

Sautant finalement en bas du corps du Titan, la mercenaire avança en ligne droite à une vitesse folle vers sa cible. Celle-ci, toujours en chute libre, ne réussit pas à éviter et se prit un coup d'épée qui lui transperça le dos. Ses habits blancs se tachant de sang, Damascus fut dévié dans sa chute et alors qu'il continua de tomber, le temps redevint soudainement normal. Tenant fermement son épée d'une main, accrochée au chef daédrique dans lequel elle était plantée, Narcissa tentait de ne pas lâcher prise avant la dernière seconde de chute. Le chef daédrique, lui, poussa un cri de douleur et tourna la tête vers Sircophène.

-Qu'est-ce que tu attends? hurla-t-il comme un forcené, voyant le sol se rapprocher. Tues-la! Tue-la, c'est ton maître qui te l'ordonne!

Sircophène ne s'attendait pas du tout à ce que Narcissa vienne à son secours et refusa presque son aide pendant une fraction de seconde! Il se dit qu'il ne pouvait pas la renier parce qu'elle avait mal compris vu qu'elle était déjà là... Ce que la mercenaire ne comprit pas, par contre, était qu'il était un danger fou pour elle; Ulin ou non, les pouvoirs Daédriques étaient bien puissants! Il fut tout de même très surpris de voir qu'elle avait réussi à contrer le pouvoir de Damascus et le toucher! Contre l'arrêt temporel lui-même! Après, quand Damascus cria, par contre, le professeur entendit ce qu'il redoutait le plus et le sentit encore plus; une rage incontrôlable contre la mercenaire le prit et, son bras tout près de la gorge de Narcissa, s'enroula autour de celui-ci. Il fut donc placé derrière elle, l'étranglant sans pouvoir rien faire!

"Narcissa, tues-moi avant que je ne le fasse!"

On voyait bien que l'Ulin utilisait toute sa volonté pour ne pas briser la nuque de son amie d'un seul puissant serrement de muscles. Par contre, ils continuaient à chuter drôlement vite vers le sol, où ils ne pourraient plus rien faire, bientôt, pour se sauver...

Narcissa s'accrochant au daédrique, Sircophène s'accrochant au cou de celle-ci, les trois guerriers formaient une étrange chaîne tombant vers le sol. Sentant que le professeur était sur le point de lâcher prise et de la tuer, la mercenaire comprit que si elle voulait survivre, elle devait le lâcher. Pourtant, il était accroché à elle : elle devait le tuer, mais ça impliquait retirer son épée du dos de Damascus!

Plus qu'une seconde avant de toucher le sol. La mercenaire décida de jouer le tout pour le tout : elle resta accrochée à Damascus! Celui-ci, probablement trop faible pour utiliser son contrôle temporel, continuait de tomber et il devrait bien faire quelque chose pour se sauver! Si il devait mourir par la chute, elle mourrait aussi, mais le chef daédrique serait mort.

Damascus, toutefois, réussit à utiliser ses pouvoirs pour ralentir légèrement leur chute. Il leur restait encore quelques secondes avant de toucher par terre, comme si ils tombaient au ralenti. Profitant de ce dernier moment de chute, il se retourna d'un mouvement rapide et envoya sa faux vers Narcissa qui se prit le coup de plein fouet au ventre. Sans se lâcher, les deux adversaires avaient maintenant l'arme de leur opposant en plein corps avec Sircophène toujours sur le dos de Narcissa!

Sircophène eût quelques secondes en trop et ne put se retenir de serrer encore plus, coupant complètement le souffle de la mercenaire. Il cria pour essayer d'éloigner la rage Daédrique qui parcourait son corps, mais en vain... Il serrait de plus en plus, au moins, peu à peu! L'Ulin ne fut pas touché par la faux, mais se disait que s'ils ne se mettaient pas sur pied, Damascus allait mourir embroché par l'épée de Narcissa et la mercenaire ainsi que lui-même allaient finir de même avec la faux de Damascus... Il était au moins soulagé par cette pensée là!

Ne contrôlant plus du tout ses mouvements à cause de l'étreinte de Sircophène, Narcissa resta accrochée au daédrique en espérant qu'il amortisse un peu sa chute. Bien sûr, celui-ci ne resta pas là à attendre sa mort : concentrant tout le pouvoir qui lui restait, il stoppa le temps une nouvelle fois. Encore une fois, Narcissa et Sircophène ne furent pas affectés : peut-être était-ce parce qu'ils le touchaient alors qu'il utilisa son pouvoir. Une faiblesse?

Ils n'eurent pas le temps d'y penser : Damascus donna un coup sur l'épée de Narcissa pour se libérer et se laissa tomber en bas. Maintenant qu'ils ne le touchaient plus, la mercenaire et le professeur cessèrent aussi de tomber, figés dans le temps. Lorsque le temps revint à la normale, ils ne voyaient plus Damascus et voyaient le sol s'approcher dangereusement vite!

Sircophène, dans son dernier élan de conscience, fit un mouvement de bassin très moche et réussit, à la dernière minute et après maintes efforts, de se retourner dos au sol... Il encaissa le coup de la chute au complet -diminuée par Damascus- et laissa Narcissa avec un moins gros impact l'écraser. Directement quand le sol émit une puissante douleure dans le dos de l'Ulin, la mercenaire sentit alors toute la force du bras de l'homme chat lâcher son cou, devenant totalement innerte...

Sentant le choc de la terrible chute sous elle, Narcissa sentit aussi que le professeur avait tout encaissé. Elle avait cru entendre le son des os se briser contre le sol, mais elle n'en était pas certaine. Peu importe ce qui s'était passé, il était presque impossible qu'il ait survécu à la chute.

Se relevant péniblement, grandement affaiblie par le choc et le combat, la mercenaire se tourna vers les groupes d'élèves qui suivaient le Titan en essayant de l'attaquer.

-C'est inutile! hurla-t-elle. Dispersez-vous, foncez vers les bâtiments! Trouvez les daédriques et tuez-les : si ce n'est pas ça qui va arrêter le Titan, je ne sais pas ce que ce sera! Les mages, enfoncez encore ses pieds dans le sol comme vous l'avez fait! Le chef n'est plus là pour s'occuper des dégâts, on peut en finir avec lui si on s'occupe des daédriques en même temps! Ne perdez pas une seconde!

Jetant un léger regard à Sircophène, certaine qu'il était mort, Narcissa remarqua alors qu'il semblait rester une étincelle de vie dans ses yeux.
-Impossible, pensa-t-elle avant de s'en approcher rapidement pour jeter un dernier coup d'oeil, avant que le Titan ne soit trop près d'eux. Pourtant, par on ne sait quel miracle, l'ulin respirait encore! Celui-ci se sentait comme si la vie l'avait quitté mais pourtant, son corps était encore vivant. Il était incroyablement faible, mais il se sentait aussi plus puissant que jamais. Il sentait la puissance parcourir ses veines car, sans le savoir, il devenait peu à peu un nouveau daédrique, remplaçant Daïji! Ce pouvoir qui lui sauvait la vie maintenant lui forcera peut-être à tuer ses alliés dans quelques minutes, mais par miracle, il était sauf...