La chambre de Thanaris

Un inhabituel silence régnait dans la tour des professeurs. Ceux-ci étaient tous partis sonder les abords de l'école, ou encore partis aider Narcissa à créer son plan de défense. Les choses s'étaient bien déroulées et la mercenaire avait été formelle : tout serait prêt pour le dixième jour. Ce soir là, le neuvième jour, il ne restait plus qu'à préparer quelques petits détails. Toutefois, le directeur adjoint n'avait pu participer à aucune des réunions.

Il était resté là, étendu dans son énorme lit à baldaquins, à dormir sans cesse. L'ennui pesait sur le professeur d'assassinat, mais surtout la douleur, et celui-ci demandait sans cesse l'aide de ses très attentionnés guérisseurs : Ompak et Fyra. Au beau milieu de la nuit, il eut une nouvelle crise en se réveillant d'un étrange rêve. Il hurla de douleur, observant le pansement qui avait cessé de saigner mais qui lui procurait encore d'atroces maux.

-Qu'est-ce qui m'a pris de m'enfoncer les doigts là-dedans? pensa-t-il entre deux serrements de dents.

Fyra poussa un cri, elle aussi, quand Thanaris se réveilla brusquement. Elle s'était assoupie, assise au sol, la tête sur le bord extrême du lit, veillant sur Thanaris. Elle se demandait bien pourquoi Ompak ne l'avait pas réveillée; peut-être était-ce parce qu'elle était atrocement fatiguée de passer des réunions jusqu'au lit du directeur-adjoint!

"Quel cauchemar avez-vous fait cette nuit, Monsieur le directeur adjoint?"

Elle était inquiète pour la santé du professeur d'assassinat; elle avait peur que quelqu'un ne l'achève pendant son sommeil donc elle n'avait pas rejoint sa chambre depuis qu'il était alité. On voyait très bien des cernes creuses et sombres sous les yeux de la professeur d'arts, ce qui fit perdre un peu de son charme...

Thanaris ne répondit pas tout de suite, serrant les dents pendant quelques nouvelles minutes avant de se calmer pour quelques secondes. Puis, il tourna lentement la tête vers Fyra sans la bouger de son énorme oreiller. Lui aussi avait perdu tout son charme habituel : son teint était livide, ses yeux étaient fatigués.

-J'ai rêvé à mon enfance, dit-il d'une voix faible. C'est très rare que je pense à mon enfance, je n'en ai presque aucun souvenir. Je me souviens à peine de mes parents, qui s'étaient à peine occupés de moi et de mon frère. J'ai rêvé que j'étais avec Deoxis à la table de la salle à manger de notre manoir, avec nos deux parents. J'étais adulte, mais il était enfant. Il ne parlait même pas, il regardait son assiette comme un enfant qui venait d'être grondé pour avoir fait une bêtise. Mes parents me bombardaient toujours de questions, comme ils le faisaient avant quand j'étais petit. C'était étrange.

Le directeur adjoint soupira de nouveau et fixa Fyra. La professeure ne sut pas si Thanaris lui souriait ou si il réprimait une autre grimace de douleur.

-C'est insoutenable, dit-il alors. Nous avons des guerriers d'élites parmi nos élèves, mais nous ne sommes même pas capables de trouver des guérisseurs compétents! Si seulement je pouvais me lever et aller combattre avec les autres, je serais beaucoup plus utile qu'ici. Pour quel lâche doivent-ils me prendre, eux qui seront bientôt en train de se battre?

Fyra avait écouté attentivement les paroles de Thanaris et s'était assise sur son lit pendant qu'il parlait, prenant des bandages en même temps pour changer ceux du blessé. Elle se mit à la tâche toujours à l'écoute, et se demandait bien ce qu'était, son enfance. Les elfes avaient une mémoire photographique et la professeure d'arts fut surprise de savoir que le directeur adjoint ne se souvenait pas de son enfance.

"Vous savez, Monsieur le directeur adjoint, les gens ne vous en veulent pas de ne pas être là; ils comprennent que vous devez vous reposer, que vous n'êtes pas dans le sommum de votre santé. De toute façon, je suis là pour vous remplacer dans les réunions et sur le champ de bataille, disons que je suis encore plus inutile que vous alité!"

Elle rit un peu pour détendre l'atmosphère lourde et s'était déjà mise à la tâche de changer les bandages de Thanaris... Avec des gants et un pince-nez, bien sur!

Thanaris soupira de nouveau et poussa un nouveau cri de douleur lorsque sa collègue commença à lui retirer ses bandages. La plaie était maintenant devenue une énorme galle qui avait séché sur le pansement, et Fyra l'arracha presque entièrement lorsqu'elle l'enleva.

-J'allais vous dire de ne pas l'enlever, c'est moins souffrant si ça s'infecte!

Puis, lorsqu'il fut remis de sa douleur, il se laissa de nouveau lourdement tomber sur le lit en soupirant. Il semblait vraiment à bout de forces, aussi Fyra fut-elle contente de savoir que le prochain pansement serait le dernier.

-Je comprends ce que vous voulez dire, Fyra, ajouta-t-il, mais je me dis quand même que je pourrais être beaucoup plus utile. Cette école compte sur nous tous. Je suis certain que de nombreuses morts peuvent être évitées, mais je préfèrerais m'en assurer moi-même. Je ne dis pas que les professeurs ne feront pas leur travail comme ils le devraient, mais je me sentirais tout de même infiniment coupable si il y aurait des morts.

Quand elle enleva les pansements de Thanaris, la belle Fyra eût un haut le coeur et se retint de toutes ses forces pour ne pas se ruer en à la salle de bain ou dans un pot quelconque tout prêt pour recracher la bile qui brûlait sa gorge. Étant hémophobe, les gales qui s'arrachent et le sang qui gicle était une énorme source de dégoût! Elle s'excusa auprès du professeur d'une voix terriblement faible et continua à bander l'énorme plaie de son collègue. Quand il finit de parler elle lui mit un doigt propre sur la bouche, hochant de la tête pour lui faire comprendre qu'elle aussi, se sentait comme ça... Mais qu'elle, au contraire de lui, ne peut pas combattre parce qu'elle ne sait pas se battre.

"La mort ne sera pas veine, Thanaris. Ils savent ce qu'ils courrent et je leurs ai donné le choix de partir; les Daédriques ne les embêtteraient pas parce qu'ils ne participeraient plus au combat. Ils sont tous conscient que leur vie pourrait se termier et veulent se battre à vos côtés quand même. Ils ont foi en vous!"

Fyra avait utilisé un ton doux au début et un irréprochable ton convaincu pour la suite. C'était très convaincant comme paroles et comme ton et elle souhaitait de tout son être que Thanaris aille mieux...

Thanaris continua de regarder Fyra un moment après son petit discours, puis tourna lentement la tête en direction de la fenêtre. La lune était presque pleine ce soir-là, les étoiles brillaient dans le ciel.

-Je ne crois pas qu'ils défendent cette école simplement parce qu'ils ont foi en moi, dit-il. Je crois qu'il la défende pour défendre leur grande famille et leur chez soi. Il faut l'avouer, Fyra : j'ai été irresponsable. J'ai gardé toute cette histoire de malédiction pour moi, j'ai engagé un informateur des daédriques et j'ai même brisé une des quatre règles fondamentales de la fondation de l'école! J'ai donné à l'école une raison d'être pour laquelle elle n'était pas conçue et voilà le résultat. L'école pourrait être détruite.

Fyra savait que Thanaris avait raison, mais elle ne voulait pas lâcher prise. Bien sur que les gens se battent pour leur maison! Mais, elle secoua la tête de déni et finit de panser Thanaris. Elle se lava les mains dans un bol d'eau sur la table de chevet; elle était penchée juste au dessus de la tête du directeur adjoint...

"Bien évidemment que les gens défendent leur chez-soi! Tout être rationnel ferait de même. Mais, pensez-y, Monsieur le directeur-adjoint... Qui leurs a permis d'avoir ce chez-soi? Certainement pas moi ni eux-même! Vous ne saviez pas que la malédiction allait frapper quelqu'un et vous avez enfreint une des règles de l'école que pour le bien et la sécurité des élèves. N'essayez pas de vous blâmer pour tout, Thanaris, vous me faites penser à Sircophène..."

La professeur d'arts finit de laver ses mains en même temps de finir son discours. Quand elle fit sa remarque envers le professeur d'entrainement, elle fit une grimace. Elle comprenait que le fier Ulin avait été abattu et comprenait aussi sa douleur, mais elle ne voulait certainement pas que Thanaris, la seule personne en qui Fyra avait une confiance aveugle, ait se comportement!

Thanaris étouffa un petit rire lorsque Fyra fit une remarque sur Sircophène. Il avait, en effet, pensé à la même chose lorsqu'il avait parlé de ce qu'il avait fait. Il se sentait responsable pour ce qui arrivait au professeur d'entraînement, mais en même temps, il savait que tout ce serait bien passé si tout le monde avait obéi à ses ordres.

-Vous avez raison, Fyra. Toutefois, je ne peux m'empêcher de penser que je...

Le directeur adjoint fut coupé par Ompak qui entra dans la pièce avec une petite tasse remplie de sa potion amère. Il la déposa sur la table de chevet avant de quitter sans un mot alors que Thanaris la but d'un trait, même si elle était bouillante. Puis, alors qu'il allait poser la tasse sur sa table de chevet, il sembla s'ébouillanter et recracha un peu du liquide par surprise. Ses yeux étaient grands ouverts. Il fixait attentivement le fond de la tasse. Puis, il la déposa lentement sur sa table de chevet, fixant Fyra.

-Le directeur... est mort? demanda-t-il d'une voix terrifiée.

Fyra, qui était juste au dessus de Thanaris, reçu un peu du cracha de celui-ci et prit une mine dégoûtée. Elle essuya de ses doigts le liquide puisqu'elle n'avait pas de tissus pour l'éponger avec et essuya sa main pleine de salive et de liquide puant sur ses pantalons avant d'essayer de s'assoir sur le bord du lit. Elle fut arrêté dans son mouvement par la question du directeur adjoint et perdit le ballant. Elle essaya de se rattraper avec la table de chevet, mais, sans s'en rendre compte, elle y mit trop de force et s'élança de l'autre côté, donc sur Thanaris. Malheureusement pour eux, elle s'écrasa directement sur le professeur d'assassinat!

Le directeur adjoint poussa un cri de douleur atroce alors que la professeure enfonça son coude juste à côté de sa plaie. D'un geste vif, il agrippa son bras et la repoussa devant lui pour ne pas qu'elle tombe du lit avant de se retourner et se placer son autre main sur sa blessure. Il resta là quelques instants, les larmes aux yeux, à serrer les dents pour ignorer la douleur qui persistait. Ompak, lui revint voir ce qui se passait et se précipita sur Thanaris pour voir ce qui lui arrivait.

-C'est inutile, Ompak! dit-il. Ce n'est qu'un accident stupide, rien de grave!

Le gobelin, peu rassuré mais obligé d'écouter les ordres de son maître, quitta la pièce en refermant la porte derrière lui. Le directeur adjoint, lui continua de respirer rapidement en essayant de chasser la douleur.

Fyra, toute mélangée de tous ces mouvements brusques, ne savait plus où se placer. Elle reprit ses esprits peu après, remarquant que le directeur adjoint était en douleur de sa faute. Elle se releva, raide comme une barre, et prit la main de Thanaris dans la sienne.

"Je m'excuse! Mais qu'ai-je fait?! Allez, serre ma main, si sa peut t'aider!"

Elle ne savait que faire et se pencha au dessus du directeur adjoint, le visage près du sien pour essayer de l'aider du mieux qu'elle put... Mais elle rougit, aussi près de Thanaris!

Thanaris était à mi-chemin entre les cris de douleur et le fou-rire, ne pouvant s'empêcher de se moquer un peu de Fyra dans ses états de panique. Il se contenta de respirer pendant quelques instants, s'assurant que sa plaie ne saigne pas avant de s'adresser de nouveau à Fyra.

-Non, non, ce n'est rien, vous avez simplement failli m'écraser l'estomac et me faire sauter deux ou trois tripes. La blessure n'est pas ouverte, vous devriez plutôt vous préoccuper de choses plus graves. Vos cernes, par exemple.

Détournant le regard pour savourer sa blague, le directeur adjoint ne put éviter de fixer la tasse en terre cuite une nouvelle fois.

Fyra s'éloigna du visage du directeur adjoint, très gênée de ce qu'elle venait de faire; lui causer autant de douleur ne faisait pas que faire mal à lui, mais à elle aussi parce que les soins et la guérison n'étaient pas ses domaines! Elle soupira et vit qu'il fixait la tasser, soupira une deuxième fois.

Si j'ai bien compris ce qu'Ompak radotait, je crois que le directeur est actuellement mort... La théière que votre gobelin avait toujours a été, effectivement, détruite... Pouvez-vous m'expliquer, je vous en prie? Cela m'aiderait peut-être à agir mieux face aux évènements... Surtout que je vais rester avec vous quand les Daédriques vont venir attaquer.

Elle s'était assise toute droite à côté de Thanaris et avait plongé son regard sérieux et inquiet dans le sien. Elle se doutait qu'elle pourrait faire grand choses contre les daédriques si ceux-ci infiltraient la Tour des Professeurs et se rendaient à Thanaris, mais elle le défendrait tout de même de sa vie!

Sans cesser de fixer le petit contenant en terre cuite posé sur sa table de chevet, comme si celui-ci allait lui donner les réponses à toutes ses questions, Thanaris répondit d'une voix confuse.

-En effet, le directeur habitait dans cette théière, aussi étrange cela puisse-t-il paraître. Lorsque nous avions décidé de réouvrir l'école, lui et moi, nous avions pensé qu'il était primordial de garder son identité secrète pour qu'il soit impossible à atteindre en cas d'attaque comme celle-ci. Nous communiquions d'une façon très spéciale, mais très ingénieuse. Lorsqu'Ompak me servait ma potion, comme à tous les jours, avec la théière du directeur, celui-ci déplaçait les feuilles de thé au fond de la tasse pour me laisser des messages. Qui aurait pu croire que, tout en buvant mon thé, je recevais des messages de la plus haute importance, du directeur lui-même? Il m'a toujours épaté...

Fyra vit alors que Thanaris détournait le regard pour ne pas avoir à affronter le sien. Ses yeux étaient, en effet, en train de se remplir de larmes alors que sa lèvre trembla.

-Je l'ai tué Fyra, dit-il en étouffant un sanglot. J'ai tué mon maître, celui qui m'avait offert un toit, une nouvelle vie, une famille. Je l'ai tué.

Fyra mit une main réconfortante sur l'épaule de Thanaris, ressentant peut-être autant son chagrin que lui! Elle était confuse et épatée en même temps d'apprendre que le directeur habitait une théière! Aussi, l'attitude du directeur adjoint quand la théière a été détruite...

-Ce n'était pas toi, Thanaris, qui l'a tué. Je ne sais pas ce qui s'était passé, mais je sais que ce n'était pas toi. Je sais que tu, en tant que Thanaris Oelim, n'aurait jamais tué le directeur.

Elle déposa une main sur son front et commença à lui jouer dans les cheveux; elle avait pris un ton consolateur et y avait ajouté de sa magie... Donc si ça ne fonctionnait pas, il était soit homosexuel soit insensible!

La professeure d'arts fut alors surprise de voir que sa magie n'avait pas fonctionné comme elle l'avait prévu... elle fonctionnait encore mieux! Le directeur adjoint semblait déjà reprendre des forces, perdant sa tristesse et sa faiblesse à vue d'oeil. Était-ce la présence et le charme de Fyra qui avaient eu cet effet, ou ses paroles rassurantes?

-J'imagine que vous devez avoir raison, dit-il sur un ton un peu plus habituel. Après tout, je sais très bien que je n'étais pas dans mon état normal. Je n'aurais jamais osé mettre la vie de mes employés en péril et encore moins la vôtre ou la mienne! Vous savez, je crois que je vais me racheter et je sais déjà comment je vais m'y prendre. Merci beaucoup, Fyra!

Contente de voir que son collègue reprenait des forces, la professeure d'arts fut alors d'un avis tout à fait différent lorsque Thanaris se leva de son lit d'un bon en se dirigeant vers la porte.

Fyra bondit sur ses pieds à son tour et se dirigea vers Thanaris. Elle se planta devant lui et écarta les bras, lui bloquant le chemin. Son visage était devenu dur et sérieux. Elle tapait du pied et ne voulait pas toucher au directeur adjoint, de peur de lui faire mal.

"Monsieur Thanaris, retournez à votre lit maintenant avant que je ne vous y emmène moi-même!"

Son ton était autoritaire, mais elle n'y avait pas mis de magie comme celui avant. Elle avait été heureuse qu'il ait tombé dans son charme et souhaitait que ses attributs normaux fasse l'affaire. Elle y repensa une deuxième fois et se dit qu'elle aurait peut-être dut y déposer un brin de magie... Les petits bras de la professeur d'arts ne feraient pas le poids contre ceux du professeur d'assassinat!

Le visage de Thanaris se fendit alors d'un large sourire alors qu'il se mit à rire de nouveau, comme un enfant. Son inention de quitter la pièce semblait apaisée.

-Ça, dit-il en riant, j'aimerais bien voir ça! Comment allez-vous faire pour me ramener dans mon lit sans me blesser?

Il semblait partagé entre une attitude moqueuse et un brin de défi, semblant vouloir s'amuser un peu avec la directrice adjointe.

Fyra, toujours prête aux défis, sourit à son tour. Elle ne voulait pas, bien sur, faire mal à Thanaris, mais pouvait s'arranger pour l'amener au lit sans lui faire de mal... Elle était tout de même la meilleure pour jouer le jeu! Elle mit donc un peu de son charme magique en jeu tout en s'approchant, tel un félin, de Thanaris. Elle mit ses bras autour de son cou et le regarda tout en prenant une pose aguicheuse.

"Allez, Thanaris, pourquoi ne voudrais-tu pas retourner t'étendre avec moi?"

Elle lui sourit tout en plongeant son regard charmeur dans celui du directeur adjoint. Elle marchait à petits pas vers le lit, poussant discrètement le directeur adjoint.

Le directeur adjoint semblait vraiment plongé dans une sorte d'ivresse qui semblait causée par le comportement de Fyra. Il la suivit alors sans résister, comme un chien suivant une laisse, pour ensuite s'en approcher de plus en plus. Thanaris se mit alors à sourire et regarda la professeure d'arts droit dans les yeux.

-Fyra, dit-il d'une voix douce, je ne sais pas ce que je ferais sans vous. Sans vous et ce petit quelque chose que vous avez, ce petit quelque chose qui me donne envie de...

Lorsque Fyra remarqua que la main de Thanaris s'était posée dans son dos, il était déjà tout près d'elle, ses lèvres à quelques centimètres des siennes. Le directeur adjoint ferma les yeux pour savourer le moment, mais ce qui suivit eut un résultat tout autre que celui auquel il s'attendait : un bruit sourd au loin, comme un cor dans lequel on soufflait. Les deux amoureux se séparèrent alors d'un coup, Thanaris se dirigeant vers la fenêtre pour voir ce qui se passait. Fyra, prise au dépourvu, entendit alors les pas d'Ompak se rapprocher de la porte de la chambre.

-Les daédriques! hurlait le gobelin. Les daédriques arrivent! Je cours donner l'ordre d'évacuation!

Fyra, suivait le jeu jusqu'à ce que le directeur adjoint ait posé sa main dans son dos et s'approchait. Là, elle figea. Les joues rosées, elle le regardait s'approcher et ferma les yeux en même temps que lui, prête à recevoir ce qu'elle attendait depuis si longtemps! Quand le bruit sourd les interrompit, la professeur d'arts sursauta de surprise tout en se détachant de Thanaris. Elle le regarda partir vers la fenêtre, maintenant rouge de rage. Quand elle entendit Ompak arriver, elle étouffa un cri de rage en se mordant l'index droit.

"Sonne l'alarme, Ompak, j'emmène Monsieur Thanaris dans un endroit sur! Se retournant vers Thanaris, le visage toujours empreint d'haine, mais tout de même sérieux, Venez, Monsieur le directeur adjoint, vous êtes encore trop blessé pour combattre."

Fyra s'approcha de Thanaris pour mettre un bras autour de sa taille, voulant l'apporter dans une pièce où les Daédriques auraient de la misère à se rendre! Elle souhaitait ne pas à avoir à utiliser d'autre magie, car elle en aurait besoin pour combattre!

Le directeur adjoint avait d'abord refusé de suivre Fyra, fixant avec attention la scène qui semblait se dérouler au dehors. Lorsqu'il se rendit compte que de la buée se formait dans la fenêtre lorsqu'il expirait, il leva alors la tête et se tourna en direction de la professeure.

-Inutile de vous presser, dit-il d'un ton confiant, je connais un endroit parfaitement sûr. L'observatoire est à l'épreuve de tout, je vous l'assure.

Se dirigeant ensuite d'un pas lent mais sûr en direction de la salle des professeurs, demandant à Fyra de l'aider à marcher, Thanaris s'approcha de la lourde porte de fer qui débouchait sur l'escalier menant à l'observatoire. Les deux professeurs montèrent alors lentement les marches avant de se retrouver dans la pièce à la table ronde où Anomen et Thanaris avaient discuté. Le directeur adjoint referma la porte derrière eux et alla s'asseoir à une chaise.

-J'espère qu'ils s'en tireront sans trop de dégâts, ajouta-t-il en fixant Fyra.

Fyra laissa Thanaris s'appuyer sur elle et l'aida à se rendre à l'observatoire. Elle n'était jamais monté dans cette pièce et ne remarqua pas vraiment les détails non plus, trop occupée à se demander comment elle réussirait à défendre le directeur adjoint quand elle n'était qu'une professeur d'arts... Ses talents étaient la persuasion, le charme et le théâtre, ce qui ne l'aiderait pas vraiment face à des Daédriques!

J'ai confiance en eux; je suis certaine qu'ils s'en tireront assez bien.

Elle ne doutait pas de ses collègues ni d'elle-même sauf qu'elle se creusait les méninges profondément à savoir comment elle protégerait Thanaris! Que pouvait-elle faire sauf lancer des boules de feu et frapper avec une force surhumaine que deux ou trois fois? Pas grand choses...

Le directeur adjoint avait souri en entendant la remarque de sa collègue, en partie pour cacher la crainte et l'inquiétude qu'il éprouvait. Non seulement ne savait-il pas du tout ce qui se passait à l'extérieur, mais aussi était-il toujours un peu abattu par le fait de ne pas pouvoir aider ses alliés. Il se mit alors à observer ce qui se passait dans le globe au centre de la table. Après quelques secondes d'observation, il ouvrit alors de grands yeux, abasourdi, en se relevant sur sa chaise.

-Fyra, dit-il, venez voir ça! Je n'arrive pas à y croire!

Dans le globe se trouvait une sorte d'image floue et confuse de ce qui se passait dans la plaine d'entraînement à ce moment-là. On y voyait une énorme forme noire et floue, dont la taille frôlait celle de la tour des professeurs.

-Qu'est-ce que c'est que cette chose? dit-il d'un ton effrayé. Comment les daédriques ont-ils réussi à invoquer une pareille monstruosité sur les terres de notre école?

Soudainement, il sembla alors comprendre et fixa le globe d'un air terrifié et stupéfait, ne sachant plus ce qu'il devait faire. Comment ses professeurs allaient-ils vaincre un tel colosse?